
Je peins pour digérer une vision. Mon regard est attiré instinctivement vers quelque chose. Le trait laissé sur l’horizon par un enchaînement de cimes. La structure d’une montagne. La forme extravagante des nuages. Ou un nuage seul, de forme banale, dans un ciel plat. Une belle entrecôte. Des visages en fêtes. Des visages plongés dans leur smartphone. Des cabanes de montagnes en ruine.
Mais peut-être que je peins pour digérer une pensée. Mon regard s’accroche sur des plats de viande parce que j’ai envie d’en peindre une série. Des natures mortes avec des plats de viande hachées dégoulinant d’une vieille moulinette en acier. En faire une série, c’est ma manière de penser les tensions sociales que pose la consommation de viande. C’est devenu une tranchée et la peinture peut en rendre compte.
Mon regard s’accroche sur des gens happés par leur téléphone. Ils sont seuls ou en groupe. Je regarde la scène en pensant que ça pourrait être moi aussi. En faire une série, c’est ma manière de penser notre rapport à la technologie et le gouffre qu’il creuse.
J’accepte avec joie, comme on déguste un bon cépage, de naviguer entre la sensation et la réflexion. Et j’accepte aussi, parfois à contrecœur, de considérer la peinture comme philosophie. Elle apporte un langage pour interroger le monde et en ce sens-là, le découvrir. A contrecœur parce que ça fait vieillot, parce que je sens que c’est une galère pour un profil sur insta, parce qu’on veut parfois plus légèreté. J'avais conscience de cette épaisseur quand G. Wolfisberg, avec qui j'ai pris des cours de 2015 à 2020, avait souligné que la peinture était un langage et en tant que langage, une grammaire. Son programme: composition, structure, nombre d'or, théorie des formes et des couleurs. J’ai donc décidé d’assumer ce côté classique de la peinture, un peu vieux jeu et intello.
J'ai presque l'impression que le reste est accessoire, mais le mentionne parce que cela transparait toute de même. Les longue après-midi d'enfant à recopier des personnages de BD (le petit Spirou et le caporal Blutch), des heures d'adolescent à développer des photos dans une chambre noir improvisée, le solfège et beaucoup d'instruments de musique. J'ai beaucoup voyagé (Russie, Asie Centrale, Afrique) en tant qu'économiste du développement.
Le résultat est une peinture figurative, de paysage et de situtation, à contresens des tendances de l’art contemporain en 2025, à moins qu'au parle de D. Hockney. Mais au vu du mépris de ce marché pour le public, de la puissance financière dont il dispose et des merdes qu'il produit, est-ce peut-être l'approche la plus subversive qui soit ?
CV artistique
Je suis né en 1980 en Valais et réside actuellement à Lausanne. J’ai acquis des compétences en peinture à l'Artquarium de Genève avec Gilbert Wolfisberg de 2015 à 2020 et en autodidacte, affinant mon style au fil des années.
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Organisation de l’exposition de photographies “Entrepreneuriat et migration”, Palais des Nations, octobre 2019.
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Exposition individuelle “Lausanne - Bishkek” à Montreux, VD, showroom Manufacture des Alpes en novembre 2021.
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Exposition individuelle “ De l’eau et quelques montagnes” à Vercorin, Valais, Hotel Victoria en janvier 2022.
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Exposition collective “Red Rock”, Nevada Pastel Society, Las Vegas en juillet 2022.
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Exposition collective “Rubbish”, Impact Hub, Lausanne, september 2022.
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Exposition collective “Vanity Fair”, Boomer Gallery, London, décembre 2022.
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Exposition collective “Wave”, Primart, Genève, janvier 2023.
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Exposition individuelle “Your shit in a mountain of gold”, Cully Jazz Festival, avril 2023.
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Exposition collective “Upcycling”, Mountain Air, Verbier, décember 2023.
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Exposition individuelle “Lumière et Forêt”, Studio BB, Val D’Iliez, mars 2024.
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Exposition individuelle “Un petit tour des Alpes Valaisannes”, Musée de la petite auberge de Lannaz, Valais, décembre – mars 2025.
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Exposition individuelle “De la peinture au cinéma”, Pathé les Galeries, Lausanne, janvier-février 2025.